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Karaté Shorin Ryu

Le Karaté Shorin Ryu puise ses origines dans l’archipel d’Okinawa, carrefour culturel entre le Japon et la Chine. « Shorin », qui signifie « jeune forêt », est la prononciation okinawaïenne des caractères chinois désignant le temple Shaolin, berceau de nombreux arts martiaux. Ce nom est un héritage direct des échanges historiques entre Okinawa et la Chine, à une époque où l’archipel était un royaume indépendant entretenant des relations étroites avec son puissant voisin. Ces échanges ont permis l’introduction d’arts martiaux chinois qui, combinés aux techniques de combat locales, ont donné naissance au Te, ancêtre du karaté. Le Shorin Ryu, considéré comme l’un des styles de karaté les plus anciens et traditionnels, préserve ainsi des techniques et principes hérités de ces arts martiaux chinois, notamment du Shaolin Quan (le style de boxe du temple Shaolin).

L'empreinte chinoise

Le Shorin Ryu, en particulier, a conservé de nombreuses traces de cette influence chinoise :

  • Les positions et déplacements: certaines positions du Shorin Ryu, comme le Neko Ashi Dachi (position du chat), rappellent celles du Kung Fu.
  • Les techniques de mains ouvertes: le Shorin Ryu utilise des techniques de mains ouvertes, comme les frappes avec le tranchant de la main, qui sont également présentes dans les arts martiaux chinois.
  • L’accent sur la fluidité et la circularité: les mouvements du Shorin Ryu privilégient la fluidité, la circularité et l’utilisation de l’énergie de l’adversaire, des principes également présents dans le Kung Fu.
  • La dimension philosophique: le Shorin Ryu, comme de nombreux arts martiaux chinois, met l’accent sur le développement personnel, la discipline mentale et la recherche de l’harmonie entre le corps et l’esprit.

L'évolution okinawaïenne

L’évolution okinawaïenne du Shorin Ryu est un processus fascinant qui témoigne de la capacité de cet art martial à s’adapter et à se transformer au fil du temps, tout en préservant son essence originelle.

Si le Shorin Ryu puise ses racines dans les arts martiaux chinois, il a progressivement évolué à Okinawa pour devenir un style unique, profondément ancré dans la culture et l’histoire de l’archipel.

L’influence des maîtres okinawaïens:

Plusieurs maîtres ont joué un rôle crucial dans l’évolution du Shorin Ryu à Okinawa :

  • Sokon « Bushi » MATSUMURA (1809-1899): Considéré comme l’un des pères fondateurs du Karaté Shorin Ryu, Matsumura a systématisé l’enseignement du To-de de Shuri et a fortement influencé les générations suivantes de maîtres.
  • Anko ITOSU (1831-1915): Élève de Matsumura, Itosu a adapté le Karaté pour le rendre accessible à un public plus large, notamment en créant les Pinan Kata, des enchaînements destinés à l’apprentissage.
  • Chōshin CHIBANA (1885-1969) : Disciple d’Itosu, il a transmis et développé le Shorin Ryu, fondant le Kobayashi-ryū, axé sur les katas et la self-défense.
  • Katsuya MIYAHIRA (1918-2010) : Gardien de la tradition, il a mis l’accent sur les katas anciens et l’application en combat réel.
  • Shugoro NAKAZATO (1919-2016) : Expert en combat, il a privilégié l’efficacité, la vitesse et la précision, formant de nombreux champions.
  • Kenyu CHINEN (1944-2024) : Ambassadeur du Shorin Ryu en Europe, il a diffusé cet art et le Kobudo traditionnel d’Okinawa.
Maître CHINEN et Maître MIYAHIRA
Maître Théodore LÊ & Maître Kenyu CHINEN

L’intégration des techniques de combat locales :

  • Le Tegumi : Avant l’introduction des influences chinoises, Okinawa possédait déjà ses propres techniques de combat à mains nues, appelées Tegumi. Ces techniques, caractérisées par des mouvements directs et puissants, ont été intégrées au To-de puis au Shorin Ryu, contribuant à sa spécificité.
  • Le Kobudo : Okinawa a également développé le Kobudo, l’art du combat avec des armes traditionnelles telles que le bo (bâton long), le sai (trident), le nunchaku (fléau à deux branches) ou encore le tonfa (matraque). Le Kobudo a souvent été pratiqué en parallèle du Karaté, enrichissant ainsi l’arsenal technique du Shorin Ryu.

Kihon Waza

Il s'agit de l'apprentissage des techniques fondamentales du Karaté : attaques (coups de poings, coups de pieds), défenses (blocages), et enchaînements de mouvements. Ces techniques sont pratiquées en intégrant les positions de base du Shorin Ryu, telles que moto dachi, neko ashi dachi, shiko dachi et zen kutsu dachi, afin de développer la stabilité, l'équilibre et la coordination.

Kata

Les Kata sont des enchaînements codifiés de techniques qui représentent un combat imaginaire contre plusieurs adversaires. Ils permettent de travailler la précision, la puissance, la vitesse et la fluidité des mouvements, tout en développant la concentration et la discipline. Les Kata du Shorin Ryu sont enseignés dans leur forme originelle, transmise par les anciens maîtres tels que Maître MATSUMURA et Maître ITOSU.

Dojo Kumité

Le Dojo Kumite est un exercice de combat où l'accent est mis sur le contrôle, la précision et l'esprit du Karaté d'Okinawa. Il privilégie les techniques de blocage suivies de contre-attaques rapides et efficaces.

Hojo Undo

La pratique du Shorin Ryu ne se limite pas aux Kihon, Kata et Kumite. Elle s'enrichit d'exercices complémentaires, appelés Hojo Undo, qui visent à développer des qualités physiques et énergétiques spécifiques. Ces exercices, tels que le Kakié, le Kitaekata, le Shaishi, le Nigiri Game, le Tetsu Geta et le Makiwara, permettent de renforcer le corps, d'améliorer la stabilité, la coordination et la puissance, et de développer une meilleure connexion à l'énergie interne. Ils contribuent ainsi à une pratique plus complète et harmonieuse du Karaté.